Hier soir, le ciel a grondé et la pluie est tombée, torrentielle sur le carreau de mes fenêtres ...
J'étais seule, assise sur ce canapé avec pour seuls amis mes pensées et mes souvenirs. Des souvenirs d'une autre vie, d'un autre temps, lointain, proche à la fois. J'avais alors seize ans et malgré certaines blessures, la vie était à porter de mes mains. Elle l'est toujours, bien que j'ai maintenant presque vingt et un ans. Je n'ai simplement plus l'innocence d'autrefois encore moins cette légèreté et cette fougue caractéristique de ma jeunesse.

Combien de temps s'est-il passé entre ces deux périodes ? Cinq ans ? Une goutte d'eau face à cet océan qu'est la vie. J'ai eu le temps de tomber amoureuse, mon premier amour, j'ai eu le temps d'être déçue, de souffrir par amour, de faire de mauvais choix, professionnellement, scolairement, familialement, sentimentalement. Qu'est-ce qui a été le plus dur ? Voir un être auquel je tenais s'éloigner de moi au point même de m'oublier? Se remettre sans cesse en question par rapport à mon parcours ou le fait de voir la déception dans leurs yeux? Dans ses yeux ?

Je suis à mon énième essaie pour trouver ma voie, je tatonne beaucoup, parle vaguement de mes projets, car peu certains. Je me sens perdue bien que je sache ce que je ne désire pas. Les jours s'enchaînent semblables les uns aux autres, métro-boulot-dodo, même chez ma copine... Nous avons nos propres préoccupations, nos propres fantomes, nos propres désirs non assouvis, nos propres frustrations ... Se rend elle compte des miennes ? Je m'évade presque malgré moi dans des souvenirs d'une autre vie, d'un autre temps et je revois la fée, mon premier amour que j'avais blessé nombre de fois et qui au final m'a aussi fait souffrir en me trompant. C'était tout simplement une question de rendre la monnaie, elle me l'a largement bien rendue ... J'ai beau me dire avec du recul, qu'elle n'était pas aussi profonde que je le croyais, pourtant d'elle, je ne garde que ses yeux dans lesquels j'aimais me perdre, l'insouciance, sa propre innocence et sa "pureté". J'aimais sa créativité et les jours que nous avons passé ensemble bien que peu nombreux ont laissé une trace indélébile (?) en moi. Les gares et les trains demeurent reliés à cette histoire, d'où cette nostalgie et cette mélancolie que je ressens dès que j'entre dans une gare et que je vois un train partir ou revenir. Voilà pourquoi je reviens vers elle, ces derniers temps, pour retrouver cette chaleur et cette vie qui manque tant à la mienne ...

J'ai commencé il y a peu à accepter le fait qu'un jour je doive partir, quitter L. malgré l'intensité des sentiments que je lui porte, un jour en effet je ne supporterai plus d'avoir ces doutes en moi, de ressentir toutes ces frustrations qui ne devraient pas exister ... Je m'y prépare doucement, surement ? Cela est trop tôt pour être dit, envisagé. J'ai besoin de repos, de respirer, de souffler, de me ressourcer chez moi, loin de tout le bruit du dehors.