seraphine1887

Ode à la lune

Vendredi 21 mai 2010 à 23:45

Le drapeau


Lève-toi avec moi.

Nul n'aimerait
plus que moi demeurer
sur l'oreiller où tes paupières
veulent pour moi murer le monde.
Je voudrais là
laisser aussi dormir mon sang
enlacé avec ta douceur.

Mais lève-toi,
oui, lève-toi,
avec moi lève-toi,
partons ensemble
nous battre corps à corps
contre les toiles de la vile araignée,
contre un système expert à répartir la faim,
contre la planification de la misère.

Partons,
et toi, mon astre, auprès de moi,
née depuis peu de mon argile,
ayant déjà trouvé la source que tu caches,
on te verra au coeur du feu,
auprès de moi,
les yeux brillants,
brandir farouche mon drapeau.

Pablo Neruda (1904-1973)


Vendredi 21 mai 2010 à 23:35

89

A ma mort tu mettras tes deux mains sur mes yeux
et que le blé des mains aimées, que leur lumière
encore un coup sur moi étendent leur fraîcheur,
pour sentir la douceur qui changea mon destin.

A t'attendre endormi, moi je veux que tu vives,
et que ton oreille entende toujours le vent,
que tu sentes le parfum aimé de la mer,
et marches toujours sur le sable où nous marchâmes.

Ce que j'aime, je veux qu'il continue à vivre,
toi que j'aimais, que je chantais par dessus tout,
pour cela, ma fleurie, continue à fleurir,
pour atteindre ce que mon amour t'ordonna,
pour que sur tes cheveux se promène mon ombre,
et pour que soit connue la raison de mon chant.

La centaine d'amour - Pablo Neruda (1904-1973)

<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast