seraphine1887

Ode à la lune

Samedi 3 juillet 2010 à 22:09

Hier soir, le ciel a grondé et la pluie est tombée, torrentielle sur le carreau de mes fenêtres ...
J'étais seule, assise sur ce canapé avec pour seuls amis mes pensées et mes souvenirs. Des souvenirs d'une autre vie, d'un autre temps, lointain, proche à la fois. J'avais alors seize ans et malgré certaines blessures, la vie était à porter de mes mains. Elle l'est toujours, bien que j'ai maintenant presque vingt et un ans. Je n'ai simplement plus l'innocence d'autrefois encore moins cette légèreté et cette fougue caractéristique de ma jeunesse.

Combien de temps s'est-il passé entre ces deux périodes ? Cinq ans ? Une goutte d'eau face à cet océan qu'est la vie. J'ai eu le temps de tomber amoureuse, mon premier amour, j'ai eu le temps d'être déçue, de souffrir par amour, de faire de mauvais choix, professionnellement, scolairement, familialement, sentimentalement. Qu'est-ce qui a été le plus dur ? Voir un être auquel je tenais s'éloigner de moi au point même de m'oublier? Se remettre sans cesse en question par rapport à mon parcours ou le fait de voir la déception dans leurs yeux? Dans ses yeux ?

Je suis à mon énième essaie pour trouver ma voie, je tatonne beaucoup, parle vaguement de mes projets, car peu certains. Je me sens perdue bien que je sache ce que je ne désire pas. Les jours s'enchaînent semblables les uns aux autres, métro-boulot-dodo, même chez ma copine... Nous avons nos propres préoccupations, nos propres fantomes, nos propres désirs non assouvis, nos propres frustrations ... Se rend elle compte des miennes ? Je m'évade presque malgré moi dans des souvenirs d'une autre vie, d'un autre temps et je revois la fée, mon premier amour que j'avais blessé nombre de fois et qui au final m'a aussi fait souffrir en me trompant. C'était tout simplement une question de rendre la monnaie, elle me l'a largement bien rendue ... J'ai beau me dire avec du recul, qu'elle n'était pas aussi profonde que je le croyais, pourtant d'elle, je ne garde que ses yeux dans lesquels j'aimais me perdre, l'insouciance, sa propre innocence et sa "pureté". J'aimais sa créativité et les jours que nous avons passé ensemble bien que peu nombreux ont laissé une trace indélébile (?) en moi. Les gares et les trains demeurent reliés à cette histoire, d'où cette nostalgie et cette mélancolie que je ressens dès que j'entre dans une gare et que je vois un train partir ou revenir. Voilà pourquoi je reviens vers elle, ces derniers temps, pour retrouver cette chaleur et cette vie qui manque tant à la mienne ...

J'ai commencé il y a peu à accepter le fait qu'un jour je doive partir, quitter L. malgré l'intensité des sentiments que je lui porte, un jour en effet je ne supporterai plus d'avoir ces doutes en moi, de ressentir toutes ces frustrations qui ne devraient pas exister ... Je m'y prépare doucement, surement ? Cela est trop tôt pour être dit, envisagé. J'ai besoin de repos, de respirer, de souffler, de me ressourcer chez moi, loin de tout le bruit du dehors.

Vendredi 21 mai 2010 à 23:45

Le drapeau


Lève-toi avec moi.

Nul n'aimerait
plus que moi demeurer
sur l'oreiller où tes paupières
veulent pour moi murer le monde.
Je voudrais là
laisser aussi dormir mon sang
enlacé avec ta douceur.

Mais lève-toi,
oui, lève-toi,
avec moi lève-toi,
partons ensemble
nous battre corps à corps
contre les toiles de la vile araignée,
contre un système expert à répartir la faim,
contre la planification de la misère.

Partons,
et toi, mon astre, auprès de moi,
née depuis peu de mon argile,
ayant déjà trouvé la source que tu caches,
on te verra au coeur du feu,
auprès de moi,
les yeux brillants,
brandir farouche mon drapeau.

Pablo Neruda (1904-1973)


Vendredi 21 mai 2010 à 23:35

89

A ma mort tu mettras tes deux mains sur mes yeux
et que le blé des mains aimées, que leur lumière
encore un coup sur moi étendent leur fraîcheur,
pour sentir la douceur qui changea mon destin.

A t'attendre endormi, moi je veux que tu vives,
et que ton oreille entende toujours le vent,
que tu sentes le parfum aimé de la mer,
et marches toujours sur le sable où nous marchâmes.

Ce que j'aime, je veux qu'il continue à vivre,
toi que j'aimais, que je chantais par dessus tout,
pour cela, ma fleurie, continue à fleurir,
pour atteindre ce que mon amour t'ordonna,
pour que sur tes cheveux se promène mon ombre,
et pour que soit connue la raison de mon chant.

La centaine d'amour - Pablo Neruda (1904-1973)

Vendredi 9 avril 2010 à 0:00

Te rappelles-tu l'automne ?


Te rappelles-tu l'automne
Et le ciel lavé,
Le ciel dépravé
Qui tonne,
L'automne
Et les couleurs
Eteintes?
Et les clochers pleins de douleurs
Qui tintent ?
Et les grandes routes
En déroute
Sous le vent ?
Et la pluie ?
Et les couplets émouvants
Des hirondelles
Qui s'enfuient
Vers l'inconnu, vers l'infini, vers là-bas ?
L'automne
Et les pas
Pesants
Des paysans
Qui rentrent aux villages ?
Et les bruyants attelages
Qui s'embourbent dans les flaques,
Dans les larges
Plaques
D'eau?
L'automne et les bons vieux derrière leurs rideaux,
Et les volets qui grincent et qui claquent ?
L'automne et les marais
Puants?
Et les forêts
Violettes
Où çà et là se sont plantés
Des
Squelettes
Gluants ?
L'automne
Et le sentiment
De sécurité
Que les coeurs qui s'aiment
éprouvent
Quand ils se retrouvent
Dans l'intimité?
L'automne
Et les légères aventures?
Et, dans la tristesse des soirs,
Les au revoir,
Les ruptures...


Georges Brassens

Mercredi 7 avril 2010 à 0:38

Le temps qui reste


Combien de temps...
Combien de temps encore
Des années, des jours, des heures, combien ?
Quand j'y pense, mon coeur bat si fort...
Mon pays c'est la vie.
Combien de temps...
Combien ?Je l'aime tant, le temps qui reste...
Je veux rire, courir, pleurer, parler,
Et voir, et croire
Et boire, danser,
Crier, manger, nager, bondir, désobéir
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Voler, chanter, partir, repartir
Souffrir, aimer
Je l'aime tant le temps qui reste
Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps...
Et que mon pays c'est la vie
Je sais aussi que mon père disait :
Le temps c'est comme ton pain...
Gardes-en pour demain... J'ai encore du pain
Encore du temps, mais combien ?
Je veux jouer encore...
Je veux rire des montagnes de rires,
Je veux pleurer des torrents de larmes,
Je veux boire des bateaux entiers de vin
De Bordeaux et d'Italie
Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Je veux chanter
Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix...
Je l'aime tant le temps qui reste...Combien de temps...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je veux des histoires, des voyages...
J'ai tant de gens à voir, tant d'images..
Des enfants, des femmes, des grands hommes,
Des petits hommes, des marrants, des tristes,
Des très intelligents et des cons,
C'est drôle, les cons ça repose,
C'est comme le feuillage au milieu des roses...Combien de temps...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je m'en fous mon amour...
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore...
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul...
Quand le temps s'arrêtera..
Je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment...
Mais je t'aimerai encore...
D'accord ?

Jean Loup Dabadie
 

 
 

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